Mathieu Blanchard : Va chercher bonheur !

Tout ce que Mathieu Blanchard touche se transforme en or. Ou presque. Enfant bercé par l’Océan, barricadé ensuite dans un bureau d’ingénieur canadien, il a subitement envoyé balader son costume trois pièces et ses beuveries d’école d’ingénieur pour aller conquérir la Montagne. Mais aussi le bitume. Le sable. Et la mer.

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A une vitesse fulgurante, il s’est imposé dans le milieu du trail et de l’ultra, qui, parfois, voit d’un mauvais œil l’intrusion de ceux qui ne sont pas issus du « sérail », ou qui cassent les « codes ». Influenceur majeur du milieu, passé par la téléréalité et Koh Lanta, le Sudiste a dû, plus qu’un autre, prouver sa valeur. Sortir du cadre. Et lutter contre son sentiment d’illégitimité. Son combat homérique face à l’idole Kilian Jornet lors de l’UTMB 2022 l’a définitivement installé sur le haut du panier. Son prochain défi ? Y rester. Pour y parvenir, Mathieu est prêt à une nouvelle fois tout chambouler…

Une enfance passée au bord de la mer, en montagne, dehors… Comment se fait-il que tu te sois retrouvé enfermé dans un bureau d’ingénieur ?

Comme pour 95 % des jeunes aujourd’hui, ce n’est pas moi qui ai forcément décidé ; c’est le système qui décide… Cela peut paraître un peu cliché, mais c’est une réalité ; quand on est au lycée, en terminale et qu’on rencontre la conseillère d’orientation, personne ne sait où cela va mener… La conseillère regarde tes notes, mais  pas tes passions. Tu te retrouves dans des filières, mais loin de tes rêves de gosse. Moi j’avais des facilités dans les matières scientifiques donc on m’a dit d’aller faire un cursus d’ingénieur. Tu te retrouves ensuite dans des sortes de couloirs, dont tu ne peux plus vraiment t’échapper. Moi c’était l’entonnoir « prépa- math sup – maths Spé école d’ingénieur »… Dans cet engrenage,  c’est dur de dire du jour au lendemain : « ce que j’aime c’est courir dehors ». C’est le système qui oriente les gens plus par rapport à des résultats scolaires que par rapport à des réels centres d’intérêt, des réelles passions, et c’est très dommage…

Tu t’es fait violence pour quitter ce système ?

Oui, un peu, parce qu’on finit par te lobotomiser le cerveau dans le sens où t’es un peu « programmé » ; tu rentres dans une entreprise, tu vises une carrière, tu progresses, tu as des augmentations salariales, davantage de responsabilités,  tu as toujours une carotte qui te fait poursuivre ta carrière ; tu as le sentiment que si tu quittes cet environnement, tu vas détruire tout ce que tu as construit. C’est comme quand tu construis une maison : tu fais les fondations, le mur et t’as envie de voir le truc fini, d’être bien confortable dedans, et à un moment donné, tu prends un gros bulldozers et tu défonces tout… c’est très difficile de passer le pas !

Est-ce que tu as dû brusquer ton tempérament pour changer de vie ?

Oui complètement. J’ai d’abord dû l’accepter au fond de moi ; cela a pris entre six mois et un an. Il a fallu ensuite expliquer le projet à mon entourage, qui est le pire juge de paix. Les amis, la famille ce sont les personnes que tu aimes le plus au monde et tu n’as pas envie de les décevoir ; quand ils te disent : « non, c’est une mauvaise idée, ne fais pas ça », c’est très compliqué. Je pense d’ailleurs que beaucoup de personnes n’ont pas le courage d’aller à l’encontre de ce que pensent leurs proches. À un moment donné, j’y suis allé, je me suis dit : « tant pis si certains n’acceptent pas mon nouveau projet ». C’est une question de prise de risques aussi.

Y-a-t-il eu un événement qui a déclenché cette prise de risque ?

Quand mon frère a eu son accident (*), j’avais déjà commencé mon introspection. Mais cet événement a rajouté à l’idée de tout changer ; tu te dis : « mince, la vie est fragile, la vie est courte, il faut que j’en profite ». Tout peut basculer du jour au lendemain. Je n’avais pas envie de me retrouver dans un fauteuil roulant à regretter ce que je n’ai pas pu faire, ou être sur un nuage au paradis et me dire : « merde j’ai été un rat mort dans un bureau… »

Est-ce que tu considères que tu es passé d’un extrême à l’autre ? 

C’est sûr que je ne fais pas les choses à moitié quand je suis passionné par quelque chose ; en école d’ingénieur j’étais là, mais au fond de moi, je n’y étais pas vraiment. J’étais ailleurs, j’étais un peu malheureux et j’essayais de me développer dans ma vie d’adulte par la fête avec les copains. Je sortais 3-4 fois par semaine, je rentrais très, très tard, et très alcoolisé ; en début de carrière d’ingénieur, c’était encore pire car en école j’étais un peu limité par mes finances, mais quand tu travailles, t’as un salaire et c’était encore pire : je pouvais sortir encore plus, consommer encore plus… 

J’ai ensuite transféré tout mon « extrême » de la fête vers le sport et le plein air. Ce fut un basculement assez radical entre les deux !

Est-ce que tu peux nous expliquer ton approche du sport. Tu parais très pointilleux, très réfléchi sur ta préparation, notamment… 

Au début, en 2014, je n’avais jamais pratiqué de sport d’endurance. Je ne savais pas ce qu’était la course à pied. J’étais formaté pour résoudre l’équation : problème – solution – plan d’attaque – gestion de projet -planning… J’ai transposé le « robot » qui était dans ma tête à ma façon d’aborder le sport. J’ai lu énormément de littérature sur l’entraînement, la diététique. J’ai écouté beaucoup d’experts du domaine, au début. J’écrivais des programmes d’entraînement au millimètre. J’ai progressé très vite ; en 2017, quand je suis arrivé dans le monde du trail, j’ai fini par comprendre que le corps humain ne pouvait pas fonctionner de façon super cadrée, surtout en ultra endurance. a pouvait fonctionner pour le court distance.  ÇMais pas quand tu dépends de la nature, des éléments autour de toi qui sont très variables, quand tu as des paramètres d’altitude, de chaleur, de froid, et que ton corps va réagir différemment. A ce moment-là, j’ai commencé à lâcher un peu prise, à laisser de la place à de l’intuition. J’avais toujours une programmation d’entraînement, avec des macros cycles, des micros cycles, mais tous les jours en me levant, je me laissais la possibilité de changer le programme de la journée.  Aujourd’hui, je pense que je suis rendu à 50 % de programmation et 50 % d’intuition dans ma préparation. Cela veut dire que 50 % du programme que j’ai imaginé pour préparer une course ne va pas être réalisé, ou être modifié au cours de la préparation ; je prends plus de recul par rapport à ce que je fais. On pourrait croire que plus on avance dans la pratique, plus on est pointilleux, technicien ; en fait moi c’est tout l’inverse ! Plus le temps passe, plus je me détache du cardio, de la montre, de la programmation hyper stricte…

Tu aimes quand même chercher, creuser, remettre en question, comprendre…

Oui ; c’est de l’amélioration continue, en fait. Je suis très ouvert d’esprit, et prêt à remettre en question tout ce que j’ai appris, tout ce que j’ai cru être bon. Je ne fais plus trop confiance aux coaches et aux experts qui disent « qu’ils savent ». En ultra, tout peut-être remis en cause brutalement. Il faut être très humble et très ouvert à ce niveau-là. Encore aujourd’hui, on en apprend tous les jours sur les capacités du corps humain ; on est loin de tout savoir et d’avoir tout compris sur la nutrition, le fonctionnement du cerveau… 

Est-ce que tu restes ton propre coach ?

J’étais mon propre coach depuis 2014. Mais cette année 2023 a été assez complexe, parce que j’ai aussi à cœur de partager tout ce que je fais, de faire de la création de contenu. Cela a pris une telle ampleur cette année que je ne suis plus arrivé à tout faire. Et j’ouvre la porte peut-être en 2024 à prendre un coach. Mais plus quelqu’un avec qui je construis un programme. Et quelqu’un qui soit une oreille avec qui échanger sur l’affûtage, le volume, les charges, plus que quelqu’un qui va m’imposer un programme que lui a pensé. Ce serait plutôt un co-concepteur de programme …

C’est toi qui gères aussi tes réseaux sociaux ?

Oui jusque cette année, c’est moi qui gérait tout, et avec une moyenne de 10 000 abonnés en plus par mois sur Instagram par exemple, tout cela prend beaucoup de temps ! En avril 2023, j’ai quitté mon dernier emploi un peu conventionnel (**) et j’ai décidé de passer Pro à 100 % ; et donc il faut que je travaille comme un coureur professionnel. Cette année, j’ai été débordé par la création de contenu ; j’adore le faire, mais c’est l’anxiété que cela crée qui me gêne. Personne ne gère une entreprise tout seul, il faut une équipe autour de soi avec des compétences. Donc idéalement, en 2024, je vais travailler avec un agent pour gérer mes sollicitations médiatiques, négocier les contrats de partenariat, et aussi travailler avec un gestionnaire des réseaux sociaux…. 

Est-ce que tu penses que cette charge extra-sportive a eu des conséquences sur tes performances en 2023 ?

Oui je le pense. Cela a pris de l’ampleur depuis l’UTMB 2022 ; en 2021, après mon premier podium UTMB, c’était tout à fait gérable ; en 2022 j’ai eu la sensation de perdre le contrôle, cela a créé une anxiété délétère à la performance ;  j’ai essayé de le gérer tout seul, mais c’est trop compliqué. L’autre solution ; ce serait de faire comme certains athlètes, c’est-à-dire de s’extraire de la vie médiatique, de la vie publique, et vivre comme un ermite. Mais moi ce n’est pas une vie que je kifferais. J’ai envie de partager et d’inspirer, d’emmener plein de monde avec moi dans mon aventure. Je suis obligé d’assumer, mais je ne peux plus le faire tout seul !

Désormais, te sens-tu légitime dans le monde du trail et non plus comme un imposteur, comme tu t’es souvent décrit au début ?

Je considère que j’ai encore beaucoup de travail à faire beaucoup de chemin à parcourir, et beaucoup de résultats à obtenir pour me considérer comme un favori dans le monde du trail. Certes, j’ai fait deux podiums sur l’UTMB mais je n’ai pas encore gagné une très, très grande course. Je suis encore assez « neuf » dans le milieu, j’ai encore des preuves à faire pour me considérer moi-même comme un favori. Mais je ne peux pas être non plus insensible à tout ce que l’on dit sur moi et aussi ce que dit la communauté qui me voit comme un favori. Je ne peux pas trop en faire abstraction. Je suis obligé de vivre avec, et il faut dire que je ne le vis pas super bien, parce que ce statut est nouveau pour moi. Il a commencé vraiment cette année en préparation de la Western States. Là, tout le monde m’a positionné comme un favori de la course. J’étais stressé, j’ai mal dormi… Ça m’a pompé beaucoup d’énergie mentale et j’ai senti que j’étais très fatigué en arrivant sur la course.  Après la course (terminée à la 7e place ndr) je me suis dit que c’était horrible, que je n’étais peut-être pas fait pour être favori d’une course ; puis je me suis dit que c’était normal que cela fasse un choc de changer de statut et qu’il fallait laisser du temps au temps. Cela crée certainement un peu de chaos dans mon équilibre personnel. Il faut laisser du temps pour digérer tout changement brusque. Si tu veux être un champion, si tu veux performer, il faut aussi accepter ce nouveau statut, le comprendre. Et réussir avec le stress que cela engendre, ça prend du temps. 

Tu laisses transparaître dans tes dires ou ton attitude beaucoup de respect envers tes adversaires, et tu évolues avec beaucoup d’humilité. Est-ce à dire qu’il te manque cet esprit de « tueur » pour aller gagner « la grande » qui te manque ?

Peut-être. Mais il faut se souvenir qu’en ultra trail, tu évolues dans la nature, qui peut être très changeante d’une heure à l’autre… Tu as beau avoir la meilleure VO2 Max, les plus gros muscles, faire le coq, la nature peut te mettre une grosse claque à tout moment. Et le gars à côté de toi qui a peut-être moins de capacités sur le papier peut te battre… Sur un 1500m piste, tu ne peux pas t’inquiéter d’avoir un problème de bide, te faire une entorse… Sur un ultra, parfois, c’est à rien y comprendre : tu fais le coq un jour, et le lendemain tu te transformes en un « vieux poulet grillé ». Si tu n’es pas humble, cela peut peser mentalement, et cela permet d’accepter beaucoup plus facilement aussi la défaite, et d’avoir une carrière beaucoup plus longue, à mon avis. L’ultra te rend bienveillant avec toi-même, au final….

Revenons à cet UTMB 2023, où tu as terminé 4e. As-tu bien fait d’y retourner, après cette incroyable 2e place en 2022. Et avais-tu le choix ?

J’ai eu tout à fait le choix ou non d’y aller. Je n’ai eu aucune pression de Salomon en ce sens. Et je n’ai eu aucun regret d’y être allé. Car les semaines avant le jour J, j’ai eu des sensations fabuleuses à l’entraînement, comme j’ai rarement eu dans ma carrière. Au niveau intensité c’était assez fou, et j’ai passé aussi des volumes assez impressionnants. J’étais un peu sur un nuage ; voilà pourquoi j’ai pris la décision, le 15 août, d’annoncer que j’allais sur l’UTMB.
A chaud, le résultat a pu paraître décevant. Mais il faut se souvenir quand même que tu as 50 gars qui sont au-dessus de la côte 850 ; c’est très costaud. Et je fais quatrième de la course la plus difficile au monde en ayant eu des sensations de m…. la majeure partie de la course. J’ai été dans le dur dès le 50e km, les jambes fatiguées, douloureuses en descente. Et terminer quatrième en ayant couru 120 km dans le dur, il est là le motif de satisfaction. Et je vis cette 4e place très bien. Je me dis que j’ai encore beaucoup de gommes sous les pieds, encore du potentiel à exprimer, et que je suis encore très loin d’être sur la pente descendante. Regardez Jim (Walmsley, vainqueur de l’édition 2023, ndr) : il a dû abandonner deux fois avant de l’emporter. Il a eu aussi des journées très compliquées sur la course, et cela ne l’a pas empêché de toujours croire en son potentiel et un jour, de gagner.  Sur cette édition, j’ai appris aussi que le niveau de fraîcheur était important. Ce manque de fraîcheur m’a sans doute rattrapé sur cet UTMB. Peut-être que je ferai des choix plus judicieux à l’avenir. 

Pourquoi avoir enchaîné cette année le marathon de Paris, puis le Marathon des Sables, et la Western States ?

J’aime bien l’expérimentation, et si je fais un podium à l’UTMB en 2021, c’est parce que j’ai fait un peu différent des autres, je pense. Je n’ai pas voulu choisir le cheminement classique. Et pour faire différent, il faut expérimenter. Je suis mon propre rat de laboratoire. Je fais des expériences qui marchent, et parfois qui ne fonctionnent pas. Et chaque année, je renouvelle ces expérimentations. Cette année j’ai pris les critères qui caractérisaient la Western States, mon premier gros objectif de la saison : c’est-à-dire une course rapide, sous la chaleur. Et donc en amont, j’ai choisi des jalons préparatoires, pour préparer mon corps à courir vite sur le plat et sous la chaleur. Donc le marathon de Paris, puis le Marathon des sables, me semblaient être des courses qui auraient pu fonctionner dans cette préparation. En soi, cela n’a pas si mal marché sur le marathon de Paris (2h22 :36 ndr) et sur le marathon des sables (3e en individuel ndr). Mais 15 jours après le marathon des sables, j’étais encore très fatigué, et je suis allé faire un bilan sanguin qui s’est avéré assez médiocre. En fait, sur le MDS, ce n’est pas l’effort physique qui fait le plus mal en lui-même. C’est surtout le fait que pendant une semaine, tu dors très mal, et tu manges très mal. Tu dors sur le sol, tu prends du vent de sable toute la nuit, tu manges lyophilisé, donc tu n’apportes rien à ton corps alors que tu dépenses énormément. En gros, maintenant je sais qu’il ne faut pas viser une course objectif dans les deux mois qui suivent. Maintenant je le sais, c’est à cela que sert l’expérimentation ! 

Du coup, comment appréhendes-tu la saison prochaine ?


L’année 2023 était une grosse année de changements. Elle a été assez difficile, et pour 2024, il faut que je remette le bonheur au centre de ma pratique. Cette année j’ai mis la performance un peu au centre de tout, inconsciemment, par rapport à mon nouveau statut. Mais jusque-là, pourquoi j’avais toujours réussi à progresser très vite et à avoir des résultats ? Parce que j’avais mis la performance comme la conséquence de mon bonheur ; je cherchais plutôt ce qui me faisait kiffer, ce qui me rendait heureux, et quand je suis heureux, je performe. Cette année, j’ai fait le contraire et j’ai dit : « je vais performer, et je serai heureux ».  Il faut que je retrouve en 2024 des courses, une manière de m’entraîner, et des aventures qui me font kiffer et alors je redeviendrai performant !

Dans ton livre (***), tu racontes qu’imaginer un tour du monde en voilier te semblait impensable, il y a quelques années. Et qu’aujourd’hui, cela te semble réalisable grâce à ta pratique de l’ultra. Qu’est-ce que l’ultra-trail  t’as donc enseigné ? 

Plus jeune, je pense que j’étais un peu bridé par la société, et mon éducation. Je n’avais aucune idée de ce que c’était que mon potentiel. J’étais un peu bridé. L’ultra m’a permis d’être ambitieux, mais aussi de découvrir les capacités et les limites de mon corps, de mon mental, de m’engager sur des projets toujours plus grands. Et aujourd’hui je sais que ce n’est pas parce que je ne suis pas né dans une famille de voileux en Bretagne que je ne pourrai pas devenir navigateur un jour. Aujourd’hui, je n’ai plus peur du tout d’apprendre sur le tas, et d’avoir ce rêve quand je serai trop vieux pour courir vite. Vivre sur un voilier pendant 10 ans, aller explorer les océans, je pense que c’est quelque chose qui va arriver dans ma vie et dans pas trop longtemps…


En discutant avec Denis Brogniart (****), il nous a dit qu’il te pensait capable de réussir dans de nombreux autres domaines que le trail. Où vois-tu te « barrer » à la fin de ta carrière de coureur ?

Je n’aime pas trop me projeter trop loin dans le futur car j’aime vivre intensément le moment présent d’autant plus que ce que je vis en ce moment me passionne énormément ; donc je n’ai pas besoin de me projeter dans une vie plus agréable dans le futur parce que je kiffe ma vie tous les matins, quand je me lève. Mais je sais qu’un jour quand je vais me mettre à courir moins vite, à être moins performant, il faudra que je trouve quelque chose d’autre pour vivre. Ce qui est certain, c’est que je ne remettrai plus jamais les fesses sur une chaise, dans un bureau. J’ai développé une personnalité d’aventurier, j’ai compris qu’on pouvait avoir un business model autour de l’aventure ; j’en ai effectué déjà deux ou trois qui ont rémunéré pas mal de personnes, j’ai compris comment cela fonctionnait, et plus tard j’espère que je pourrai vivre de mes aventures, des contenus que je pourrai créer, via des livres, des films, des conférences, etc… Je ne sais pas encore exactement où se déroulera l’Aventure, mais je crois que l’Océan m’appelle. J’ai grandi au bord de l’océan, j’ai créé un énorme manque ces dernières années ; l’océan me manque énormément et j’ai envie d’y revenir un jour ou l’autre. Gamin, j’étais très inspiré par la série de Cousteau sur la Calypso. Aller explorer le fond des océans comme lui, c’est mon rêve ultime. Avoir un bateau, des bouteilles de plongée et aller explorer des zones vierges, j’en rêve, pour plus tard ! Je pense que sur la terre ferme, il ne reste plus trop de zones à découvrir, mais dans la mer et sous l’eau, l’éventail est encore très large ! On connaît mieux la surface de la lune que le fond des océans et c’est quelque chose qui m’intrigue énormément !

Te considères-tu, du coup, comme simplement de passage dans le trail ?

Le trail me passionne tellement, c’est devenu un vrai mode de vie, j’organise ma vie autour de cette pratique… Donc je ne vois pas comment ce ne peut être qu’un passage. J’ai commencé le trail à 29 ans, j’en ai 35, cela fait que six ans que j’écris une histoire autour du trail. J’espère au minimum être capable de courir à haut niveau jusqu’à au moins 40 ans. Après je ne peux pas connaître la suite sur mon niveau de performance. Mais on voit des gars comme Ludo Pommeret qui sont encore capables de faire des performances incroyables à 48 ans, donc pourquoi pas moi ? Mais de toute façon, je garderai toujours un pied dans ce monde-là. Mon histoire avec le trail va me suivre jusqu’à la fin de ma vie !

(*) En 2017, son demi-frère Luca, 15 ans, est victime d’un accident de scooter et doit se faire amputer.

(**) Mathieu était Développeur des marchés internationaux à La Clinique du Coureur.

(***) Vivre d’Aventures, éditions Flammarion.

(****) Animateur/ présentateur du jeu télévisé Koh Lanta, auquel Mathieu a participé.

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